Parce que la ménopause n'est pas une maladie, parce qu'elle n'est pas la fin de la féminité ni une sorte de mort anticipée mais tout simplement un phénomène biologique qui touche toutes les femmes vers le milieu de leur vie, il est temps d'y voir clair en vue de cette nouvelle étape qui commence une fois qu'on est libérée des règles et des potentialités de tomber enceinte.
Mais on ne se réveille pas du jour au lendememain avec le cycle en pause. La période qui précède l'arrêt définitif de la fértilité peut durer 4, 6, 8, 11, 12 ans ... ou plus, pendant laquelle les deux principales hormones très présentes jusqu'alors chez les femmes vont progressivement se faire la malle. Pendant ce voyage plus ou moins long, comme dans tout voyage en terre nouvelle, ça tangue. Et comme chacune de nous est unique, ce voyage nous offre un bouquet personnalisé de symptômes.
Phénomène biologique naturel et sympômes, alors il n'y a plus qu'à demander à son médecin et tout est réglé ? C'est plus compliqué que ça en a l'air :
Depuis au moins 1976 l'échelle de sympômes de Greene permet de brosser un tableau individualisé après avoir rempli un questionnaire. Une actualisation avec un test spécifique pour mieux comprendre la périménopause est en cours, et c'est tant mieux, car d'après une étude sur 4400 américaines, 55.4% des femmes entre 30 et 35 ans ressentent déjà des sympômes de la périménopause et elles sont 64.3% à les ressentir entre 36 et 40 ans. Au Royaume Uni, 77% des femmes expérimentent des symptômes qu'elles jugent très difficiles à vivre et 10% d'entre elles ont démissioné de leur travail pour cette cause. Malgré les symptômes, les américaines de l'étude commencent à chercher un traitement vers l'âge de 56 ans. Pourtant, les informations existent, dont en ligne. De la faute aux femmes ? Pas vraiment, si on regarde un peu la pratique !
La préstigieuse Université de Stanford note que seulement 7% des professionnels médicaux se disent compétents pour prendre en charge le traitement de la ménopause et de la péri-ménopause. Les directeurs de programmes en gynécologie reconnaissent à 90% le besoin de mettre en place des programmes dédiés mais seul 1/3 le fait reéllement. Une des causes flagrantes : le manque de recherche scientifique sur le sujet, la santé féminine dans son ensemble ayant reçu par exemple aux États-Unis seulement 8,9% de subventions entre 2013 et 2023 et 7,9% en 2023 tandis que 99% des études sur le vieillissement ignorent la ménopause. Conséquence logique : 91% des femmes ne se sentent pas avoir suffisamment d'informations sur la ménopause et 36% hésitent à en parler avec un professionnel de santé selon l'enquête américaine. Un cercle vicieux !
La revue "Woman's Health" note que beaucoup de femmes sont entièrement inconscientes de la large gamme de symptômes et ne les connectent donc pas à la périménopause. Au-delà des bouffées de chaleur, la plupart des femmes ignorent complètement les symptômes tels que l'anxiété, la rage, les pensées suicidaires, les jambes sans repos, la croissance de poils faciaux, la prise de poids, et de nombreux autres. Beaucoup de femmes se sentent devenir folles, surtout lorsque leurs médecins généralistes n'ont aucune idée de ce qui ne va pas et n'offrent que des antidépresseurs ou des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. Or, les professionnels de santé peuvent ne pas connecter non plus les symptômes à la périménopause, tandis que les patientes cherchent naturellement de l'aide auprès de spécialistes pour des symptômes individuels sans réaliser que leurs diverses plaintes de santé pourraient toutes découler des mêmes changements hormonaux. Par exemple, pour les changements d'humeur, une femme pourrait être envoyée chez un psychiatre, ou pour l'insomnie, chez un spécialiste du sommeil. Bien que ces spécialistes fournissent certainement une expertise précieuse, s'ils ne reconnaissent pas les changements hormonaux sous-jacents, la patiente pourrait recevoir plusieurs traitements séparés alors qu'identifier le déséquilibre hormonal pourrait aider avec plusieurs symptômes à la fois, selon l'École de Médecine de Yale.
Se mettre à l'écoute de son propre corps, à l'écoute collective de nos corps les unes des autres, discuter, échanger, partager les connaissances découvertes pour nous permettre de nous connecter à ce qui se passe à l'intérieur de nous, le comprendre et apprendre à vivre avec ce nouveau corps et ses nouveaux équilibres. Nous menons des actions dans trois directions :
organiser des temps collectifs pour entretenir la bougeotte et échanger
mobiliser notre corps à travers des exercices, des ateliers sportifs, des temps de danse, des randonnées et tout ce qui nous fait envie pour nous mettre en mouvement
construire de la connaissance empirique partagée sur ce que nous vivions quand notre corps se met à changer si fort et recouper avec les sources médicales pour mieux trouver notre chemin